Les manifestations du secteur de l’agriculture ont pris de l’ampleur toute la semaine passée et se poursuivent. Jeudi dernier, la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles, principal syndicat du milieu, a publié ses revendications. Dès le lendemain, le premier ministre Gabriel Attal a apporté des premières réponses. Plus de 50 associations écologistes, elles, appellent à soutenir et rejoindre le mouvement lancé par les agriculteurs.
Lancée il y a plus d’une semaine par la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA) et Jeunes agriculteurs, l’action “On marche sur la tête” s’est poursuivie et étendue à l’échelle nationale toute la semaine dernière. Les manifestations et blocages des agriculteurs se poursuivent partout en France ce lundi.
Les agriculteurs au bout du rouleau
Jeudi dernier, la FNSEA a publié ses revendications pour le secteur agricole. Elles prennent la forme de 120 demandes organisées autour de trois axes. Elles se concentrent sur la dignité des agriculteurs dans l’exercice, la nécessité de rétablir des conditions d’exercice du métier acceptables ainsi que la juste rémunération de leur travail.
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Pour ce dernier axe, la FNSEA exige notamment “l’application pleine et entière des lois EGAlim”. Ces lois, votées en 2018, 2021 et 2023 ont pour but de protéger les exploitants agricoles du bras de fer commercial opposant la grande distribution et les industriels de l’agroalimentaire chaque année. Cependant, “de l’aveu des parlementaires et du gouvernement, leur application est encore insuffisante”, explique le Sénat.
Des réponses apportées en urgence par le gouvernement
Pour tenter d’apaiser le mouvement, le Premier ministre Gabriel Attal “a tenu à apporter des réponses d’urgence, car la détresse exprimée l’exigeait”. Lors d’un déplacement dans la commune de Montastruc-de-Salies, en Haute-Garonne vendredi dernier, accompagné de Marc Fesneau et Christophe Béchu, respectivement ministre de l’Agriculture et ministre de la Transition écologique, il s’est entretenu avec une quarantaine d’agriculteurs.
“Les normes qui gâchent la vie des agriculteurs et la bureaucratisation de l’agriculture doivent cesser. C’est un impératif pour leur permettre de produire pour nous nourrir”, a déclaré le premier ministre. Il a, entre autres, répondu aux demandes sur la fiscalité du gasoil non routier (GNR), dont la hausse a été supprimée, et a validé l’application stricte des lois Egalim. Parmi les revendications des syndicats se trouve le problème du casse-tête administratif que deviennent les nombreuses régulations du secteur.
Les traités de libre-échange, un point central des revendications
Un autre cheval de bataille de ces manifestations porte sur les traités de libre-échange. Déjà critiqués par la FNSEA en décembre 2022, ce type de traité a pour but de faciliter les importations. Dans le cas de l’agriculture, ils mettent en concurrence les agriculteurs européens avec ceux d’autres parties du monde, dont les prix peuvent être bien inférieurs à ceux pratiqués en Europe. Ainsi, l’annonce, ce 24 janvier, par la Commission européenne, d’un possible aboutissement des négociations relatives au traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur a jeté de l’huile sur le feu et ce, en plein cœur des manifestations.
Le gouvernement à répondu à ces revendications vendredi. “En ce qui concerne, le cadre des accords internationaux, les accords de libre-échange ne doivent pas se faire sans intégrer la réciprocité des normes et la mise en place de clauses miroirs : elles doivent protéger les consommateurs et garantir à nos producteurs qu’ils luttent à armes égales avec leurs concurrents étrangers. La France réaffirme sa plus ferme opposition à la signature du traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur” a déclaré le premier ministre.
Plus de 50 organisations écologistes appellent à rejoindre les manifestations des agriculteurs
Alors que les manifestations des agriculteurs continuent ce lundi 29 janvier, l’association Terres de Luttes et plus de 50 organisations écologistes, comme Greenpeace, alternatiba, les amis de la terre, France Nature Environnement, les Soulèvements de la terre et nombre d’autres, appellent, dans une tribune, “à rejoindre les mobilisations agricoles des prochains jours et refusent d’être cataloguées comme ennemis des agriculteurs”.
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Pour les associations, agriculteurs et écologistes partagent un but commun. Celui de la mise en place d’une agriculture locale et durable. “Depuis les tout débuts des mouvements écologistes, nous nous sommes toujours mobilisés avec détermination sur la question du modèle agricole et des conditions de travail et de vie des agriculteurs. Parce que nous savons l’importance considérable de l’agriculture sur l’environnement : ainsi la qualité de la terre, de l’air, de l’eau, de ce que nous mangeons, et bien sûr le climat, dépendent de ce que nous cultivons et élevons et de la manière dont nous le faisons”, déclarent-elles dans leur tribune.
Construire une agriculture durable
Les organisations écologistes appellent donc leurs membres à se joindre aux manifestations des agriculteurs cette semaine. “Nous serons là avec différents points fixes pour discuter avec tous les agriculteurs qui le veulent, et ensemble rappeler que les véritables responsables de la crise que vit la profession ne sont ni les consommateurs ni les écolos – mais bien la lâcheté des gouvernements successifs, la grande distribution et l’agro-business qui s’engraissent pendant que tant d’entre vous se tuent à la tâche”, annoncent-elles.
“Nous préférons construire ensemble un modèle qui profite aux agriculteurs, aux consommateurs et à la vie, comme il aurait toujours dû l’être. Et nous serons ensemble dans la rue pour en discuter et manifester, car oui, il est bien possible d’être militant à la fois pour l’environnement et pour l’agriculture de demain”, assurent les associations écologistes.