Les puffs bientôt interdites en France ? C’est ce qu’envisage le texte de loi, adopté ce lundi 4 décembre à l’Assemblée nationale. Les puffs seraient alors interdites à la vente et à la distribution, partout en France, dès septembre 2024.
Ce 4 décembre, l’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité la proposition de loi visant à interdire les “puffs”, les cigarettes électroniques jetables. Signée par 166 députés, cette proposition de loi transpartisane (Écologistes-Renaissance) a été adoptée par les 104 députés présents dans l’hémicycle. L’interdiction devrait s’appliquer à tout l’Hexagone et ce, comme l’espèrent les députés, dès septembre 2024. Cependant, cette loi devra d’abord passer devant le Sénat puis la Commission Européenne. Cette dernière aura alors six mois pour rendre son avis sur cette loi et notamment sur la proportionnalité de l’interdiction.
Les dispositifs de vapotage à usage unique, ou cigarettes électroniques jetables, sont arrivés sur le marché français en 2021. Avec des parfums chocolat, glace à la fraise ou barbe à papa, les puffs non-rechargeables séduisent les adolescents. Les puffs sont disponibles avec ou sans nicotine (de 0 à 20 milligramme/millilitre). Qu’elles se présentent comme une alternative ou une porte d’entrée au tabac, les puffs se sont imposées sur le marché.
Cigarette électronique à usage unique et lutte contre le tabagisme
L’interdiction des puffs fait partie des mesures présentées dans le Programme National de Lutte contre le Tabagisme (PNLT) pour 2023-2027. Présenté le 28 novembre par Aurélien Rousseau, ministre de la Santé et de la prévention, ce plan a pour grand objectif de “bâtir la première génération sans tabac à l’horizon 2032”. Il s’articule autour de cinq grands axes divisés en 26 mesures : protéger, accompagner, préserver, transformer et améliorer les connaissances sur les dangers.
L’interdiction programmée des puffs ne s’étend pas aux e-cigarettes rechargeables comme les cigarettes électroniques Nicovip. Mais plusieurs mesures viendront durcir l’encadrement de ces produits. Le plan entend notamment renforcer le contrôle de l’interdiction de vente des produits aux mineurs et lancer un travail pour limiter les arômes autorisés. Il espère également étendre le paquet neutre à tous les produits du tabac et du vapotage. Aurélien Rousseau, dans l’introduction du PNLT, annonce le renforcement des mesures d’accompagnement pour les personnes souhaitant arrêter de fumer. “Corollaire indispensable de ces nouvelles mesures, l’accompagnement des fumeurs sera renforcé, car réussir à sortir du tabac n’est pas chose aisée”, rappelle le ministre.
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La Fédération interprofessionnelle de la vape (Fivape) assure de son côté que la vape peut aider les fumeurs à arrêter la cigarette. Dans un communiqué, la Fivape déplore les mesures prises à l’encontre des dispositifs de vapotage dans le PNLT. “La Fivape regrette que ce document ne traite du vapotage que pour le présenter comme une menace. Ce mépris est regrettable alors même que les produits de la vape sont ceux qui sont choisis en priorité par les fumeurs français dans leurs tentatives de sevrage et que ce sont les plus efficaces des substituts nicotiniques”, affirme le fédération.
Les puffs : une e-cig jetable prisée par les jeunes
La première raison évoquée pour interdire la puff est son caractère jetable. Au bout d’environ 500 vapotages, cette cigarette électronique finit sa vie à la poubelle, ou dans la nature. Si elles sont théoriquement recyclables, la petite taille des différentes pièces et la batterie au lithium rendent ce recyclage difficile. En pratique, “la puff est un déchet supplémentaire qui vient s’ajouter aux 4.500 milliards de mégots jetés chaque année dans la nature”, explique l’Alliance contre le tabac dans une tribune publiée dans Le Monde en avril 2023.
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Le Programme National de Lutte contre le Tabagisme veut aussi interdire les puffs pour protéger les jeunes. Un argument également mis en avant lors de la présentation du texte de loi sur l’interdiction des puffs. En effet, d’après une enquête de l’Alliance contre le tabac, auprès de jeunes de 13 à 16 ans, “13 % d’entre eux ont déjà utilisé la Puff, soit la même proportion de jeunes ayant déjà fumé une cigarette classique ou électronique”. Et ce, même si l’interdiction de vendre des puffs aux mineurs est déjà en vigueur. “Cette enquête française confirme les inquiétudes de nos associations. Celles-ci avaient en effet constaté ces derniers mois une soudaine popularité de ces produits auprès de très jeunes adolescents : 13 % d’entre eux ont déjà testé la Puff et 9 % indiquent en avoir déjà acheté”, informe le collectif.