La jeune start-up Longonya présente son blanc de kiwi au Salon de l’Agriculture. Un blanc réalisé avec de petits kiwis bio qui étaient destinés à la destruction.
Qui a dit qu’on ne pouvait pas faire du bon avec du moche ? Certainement pas Marvet Mbani ni Alexandre Villard, fondateurs de Longonya, une start-up qui se lance dans la production de boissons fermentées à base de fruits. Présents au 53ème Salon de l’Agriculture, ces deux anciens étudiants lyonnais sont fiers de présenter leur projet novateur : le blanc de kiwi.
D’aspect, la boisson s’apparenterait à un vin blanc à la robe claire ; au goût, il s’agit d’une boisson alcoolisée à 8,5° et au goût fruité. « A la première dégustation, les gens sont souvent surpris car ils associent spontanément notre produit au vin aromatisé, mais il n’y a rien à voir » explique Marvet Mbani, directeur général de Longonya. En effet, il serait malencontreux de confondre le blanc de kiwi avec du vin blanc. « Le blanc de kiwi est composé à 85 % de jus de kiwi fermenté, et à 15 % de raisin. L’appellation »vin » étant réservée en France au raisin pour protéger le patrimoine, il faut que nous utilisions le terme de »blanc » » précise le directeur général.
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Du blanc de kiwi pour lutter contre le gaspillage alimentaire
L’idée de réaliser cette boisson fermentée ne leur est pas venue par hasard. « Nous avons commencé à penser à ce projet il y a un an et demi. Je suis très sensible à la problématique du gâchis alimentaire, et dans mon pays d’origine, le Congo Brazzaville, c’est un réel fléau. Donc, je me suis dit qu’il fallait trouver quelque chose d’innovant pour recycler les fruits qui sont gaspillés chaque année » confie M. Mbani. « Lors d’un voyage en Australie, j’ai découvert la boisson fermentée à base de mangue. J’ai alors pensé que ça pouvait être une bonne idée pour donner une utilité à des fruits qui pourraient être gâchés. J’en ai parlé à Marvet, et c’est comme ça que Longonya est né » déclare Alexandre Villard, président de la société.
C’est ainsi que les deux associés ont rencontré un producteur de kiwis bio corse de la ville d’Aléria qui, séduit par le projet, a accepté de leur fournir vingt-cinq tonnes de fruits normalement destinés à la destruction car « trop moches » comme l’explique Marvet Mbani. C’est grâce à ce don que Longonya a pu produire 16.000 bouteilles de leur breuvage. Pour cette première production, les entrepreneurs n’ont néanmoins pas opté pour la certification biologique de leur produit en raison d’un investissement trop important.
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Mangue, ananas, cerise, banane, abricot… Longonya voit grand !
Au Salon de l’Agriculture, le produit rencontre un joli succès. « Nous sommes agréablement surpris par l’accueil du public, espérons que ce ne soit pas seulement l’effet du salon et que le succès sera pérenne » badine le directeur général de Longonya. De ce fait, les deux entrepreneurs voient plus loin. « Nous venons de finir nos tests sur le blanc de mangue, qui sera commercialisé bientôt » se réjouit Alexandre Villard. L’année prochaine, la société aimerait produire 50.000 bouteilles, et s’ouvrir à un marché international dans le but de diffuser à l’échelle mondiale cette démarche qui se veut écolo.
« À l’avenir, nous aimerions beaucoup travailler sur des produits tels que le fruit de la passion, la mangue, l’ananas, la cerise, la banane ou encore l’abricot » confesse Marvet Mbani. Cette diversification serait-elle vraiment louable ? Le fait de valoriser des fruits produits en France destinés au rebut s’inscrit pleinement dans la transition écologique. Mais importer des produits exotiques d’Afrique pourrait pervertir la démarche initiale. Sans préjuger des choix futurs de la société, Longonya devra étudier au moins deux options si elle veut continuer dans sa démarche positive : privilégier les ateliers de transformation locaux et inscrire sa démarche dans le commerce équitable et l’agriculture biologique.
Auteur : Chaymaa Deb, journaliste du webzine Natura-sciences.com